Profiter « de la vie » ?

Pour beaucoup de personnes, profiter de la vie veut dire « avoir tout un tas de choses, de gadgets, sortir, se distraire.

A notre époque, on peut dire que les « distractions » sont l’essentiel de ce que les individus recherchent. Mais que veut dire exactement « distraction » dans l’étymologie des mots.

En fait, cela veut dire « une force qui nous met en dehors de notre système d’organisation et nous éloigne de la demeure de notre intuition. C’est là l’ambivalence de la distraction : d’un côté elle nous libère de tout ce qui pourrait être trop sérieux, donc  trop sclérosant; de l’autre elle nous éloigne du contact avec nous-même. »

Il est bon de se distraire de temps en temps, mais que ce soit le but de notre vie ne nous apporte rien sauf  l’oubli de notre propre vie, de notre essence profonde.

Nous dirons plutôt, si l’on veut réellement être relativement heureux et en accord avec soi-même, profiter « d’être en vie ». Car nous ne savons ce qui nous arrivera demain, et de toute façon, nous mourrons un jour, du moins notre corps, et toutes les choses que nous possédons, ne serviront plus à rien. Pendant ce temps là, nous aurons oublié ce que nous sommes au fond de nous-même, nous nous serons éloignés de nous-même.

Profiter d’être en vie, cela veut dire, d’une façon plus adéquat, avoir des relations paisibles et aimantes avec son entourage, regarder le ciel au lever ou au coucher du soleil, regarder les oiseaux qui piaillent et nous donnent l’impression de faire la conversation, admirer les fleurs si diverses, colorées et belles, les regarder pousser, ainsi que toutes les plantes. Observer les animaux, dans toute leur beauté, leur perfection, leur fidélité et leur amour envers nous lorsque nous nous en occupons.

L’autre jour, je parlais à Annie au grillage qui nous sépare, elle m’accroche parfois des sacs plein de légumes, comme un lutin qui passe le matin, c’est une preuve d’amour pur, étant donné qu’elle m’en donne tellement que je le partage avec d’autres, je suis contente à ce moment d’être en vie, et apprécier l’affection qui nous inonde de bonheur, autant elle que moi.

Une autre fois, j’ai donné des pièces à un pauvre homme assez âgé à Gérone, j’ai fait cela avec plaisir,  le traitant comme une autre personne, sans commisération. Il a dû le sentir, et son remerciement sincère, celui qui se lisait dans ses yeux, ne me remerciait pas pour l’argent par lui même, mais pour l’attention que j’ai eue envers lui comme personne à part entière. bien sûr, cela m’a donné les larmes aux yeux, cette « relation » furtive et si forte avec une autre personne.

Et aussi, bien entendu, retrouver régulièrement nos enfants et petits enfants qui vivent à 200 km, un moment de pur bonheur à chaque fois, car après bien des vicissitudes passées depuis bien longtemps, et surtout oubliées, l’harmonie est parfaite avec ces 4 amours de notre vie.

Retrouver comme si c’était hier des amis que nous n’avons pas vus depuis des années, avec la même affection sincère.

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